le dernier tour d’honneur d’Hermès Ryan, le cheval mythique de Simon Delestre

Des bruits de sabots, quelques hennissements, surtout des effluves mêlant foin et crottin… Difficile d’imaginer que l’on est sur les Champs-de-Mars, en plein cœur de Paris. Pourtant, c’est là au pied de la tour Eiffel, que le Saut Hermès a posé ses bagages pour la deuxième année de suite ; le Grand Palais, écrin traditionnel de la compétition équestre, étant en travaux dans le cadre des Jeux olympiques de Paris 2024. Depuis vendredi 17 et jusqu’à dimanche 19 mars, une centaine de chevaux du monde entier s’affrontent dans dix épreuves de saut d’obstacles, dont sept de CSI 5* (concours de saut international), le plus haut niveau.

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Audrey Morandat sillonne les écuries blanches montées pour l’occasion, à quelques mètres de la grande piste. Depuis quatre ans, elle est la groom du cavalier français Simon Delestre. Sa mission : prendre soin des montures de l’ancien numéro 1 mondial. « Ce sont mes bébés, je vis quasiment vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec eux », dit dans un sourire la Drômoise de 29 ans. Pour cette édition du Saut Hermès, le Lorrain a pris trois chevaux. Parmi eux, Hermès Ryan, avec lequel il a remporté deux fois, en 2018 et 2019, le prestigieux Grand Prix Hermès, l’épreuve-phare qui clôture le rendez-vous.

Mais il n’y aura pas de passe de trois : le petit alezan – il ne toise qu’à 1,60 m au garrot – a pris sa retraite sportive l’an dernier, à 17 ans. Le cheval, de son vrai nom Ryan des Hayettes, n’est présent que pour un dernier tour d’honneur. Samedi 18 mars à 16 h 40, un hommage est ainsi organisé par son sponsor, Hermès International, où il se verra remettre une récompense et une vidéo revenant sur ses victoires sera projetée.

« On était comme un vieux couple »

Audrey Morandat se souvient de sa dernière compétition, le 1er juillet 2022 au Grand Prix de Monaco. « La veille, on s’était dit que s’il faisait un bon résultat, on l’arrêterait, se remémore la jeune femme. On avait le souhait de le faire partir au sommet, encore en bonne santé. » Simon Delestre et sa monture l’emportent. L’équipe fond en larmes. « Je me suis tout de suite bien entendu avec [ce cheval], c’est un petit clown qui cherche toujours à faire la star, poursuit la groom. Je retiens les victoires, mais surtout beaucoup de moments de complicité au box. »

Acheté à 5 ans par le cavalier lorrain, Hermès Ryan se révèle très vite être un « cheval exceptionnel » : volontaire, toujours prêt à aller en piste, avec un cœur et des facultés hors norme. Deux ans plus tard, il devient champion de France. Puis se lance dans le grand bain à 9 ans, un âge précoce pour un cheval de compétition. Avec un palmarès impressionnant, l’alezan a été l’artisan principal du brassard de numéro un mondial de Simon Delestre en 2016. Cette année-là, ce dernier avait dérobé le Graal à celui que tout le monde pensait indétrônable, le Britannique Scott Brash, qui détenait le titre depuis vingt-sept mois. « La seule chose qui lui manque, c’est la médaille olympique [favori, il s’est blessé la veille de la compétition à Rio]. C’est dommage, car il la méritait », regrette Simon Delestre.

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