Julia Simon remporte la Coupe du monde de biathlon
Cyril Burdet, l’entraîneur de l’équipe de France féminine de biathlon, avait prévenu : « Tout l’enjeu du week-end est de rester sur la même ligne de conduite malgré toute la pression qu’il y a autour. » Et ce qui n’était plus qu’une question de temps, tant son avance sur ses adversaires continuait de s’accroître course après course, est désormais chose faite : à 26 ans, Julia Simon remportera bien son premier globe de cristal au terme de la saison qui s’achève ce dimanche à Oslo. En terminant 5e de la poursuite d’Oslo-Holmenkollen et en devançant ses adversaires directes, samedi 18 mars, la Française est assurée de finir vainqueure du classement général de la Coupe du monde, avant même la dernière course de l’année, dimanche.
« J’ai du mal à réaliser, a expliqué Julia Simon à l’issue de sa course sur La Chaîne L’Equipe. C’est l’aboutissement de quatre-cinq ans de travail, c’est un rêve. Il y a eu des hauts, des bas, je ne me sentais pas capable de cela, mais j’ai appris à m’écouter et à écouter mon corps. » La course sprint du jour a été remportée par l’Allemande Denis Hermann-Wick, la Française Chloé Chevalier se classant 4e gr^àce à un 10/10 au tir.
Si 2022 avait été l’année de son compatriote Quentin Fillon Maillet, qui s’était paré de cristal après avoir remporté cinq médailles aux Jeux olympiques d’hiver de Pékin, 2023 sera celle de Julia Simon. Dès la troisième course du calendrier, la Française donnait le ton en s’imposant sur la poursuite de Kontiolahti (Finlande), avec un 20/20 au tir. Puis le 8 décembre, seulement une semaine après le début de la saison, elle s’emparait du dossard jaune de leader grâce à sa troisième place au sprint d’Hochfilzen (Autriche). « Ça me tombe un peu dessus, ce n’était pas mon objectif principal », concédait-elle quelques jours plus tard sur RMC Sport, prenant cette situation comme une simple « expérience » pour les années futures. Le maillot n’a, depuis, plus quitté ses épaules.
« Je suis très contente pour elle et que le gros globe revienne à la maison, se réjouit Sandrine Bailly, dernière Française à l’avoir remporté, en 2005. Ce qui m’a le plus impressionnée, c’est sa régularité. » Sur les vingt et une courses individuelles de Coupe du monde de la saison, Julia Simon n’a, en effet, terminé que trois fois hors du top 10. Impériale sur les skis et décisive derrière la carabine, la Savoyarde est par ailleurs montée dix fois sur le podium, pour trois victoires (deux en poursuite et une en mass start). Outre le gros globe de cristal, qui récompense sa victoire au classement général, Simon a aussi mis la main sur le petit globe de la poursuite et occupe la tête du classement de la mass start, avec une seule course à venir. « Tout au long de l’année, le maître-mot a été de faire des courses pleines à chaque fois, explique Cyril Burdet. C’est comme cela qu’on obtient ce résultat final. »
93 % de réussite au tir couché
Une consécration qui est aussi – et surtout – le fruit de ses progrès au tir couché : avec 93 % de cibles blanchies cet hiver, la Française affiche un taux de réussite supérieur de 9 points et 21 points par rapport à 2022 et 2021.
Appelé en février 2020 à endosser de nouveau le costume d’entraîneur de tir de l’équipe de France féminine, Jean-Paul Giachino se souvient : « Je lui ai dit que c’était deux ans de travail et elle m’a répondu qu’elle n’avait pas deux ans. Alors je lui ai dit : “Au revoir, je ne peux pas t’aider si tu n’es pas prête à être patiente.” »
Au printemps 2020, la biathlète des Saisies (Savoie) commence donc à réapprendre les fondamentaux du tir couché, plus technique que le tir debout, qu’elle maîtrisait déjà. « Il y a trois étapes, détaille le coach. La respiration, qu’on appelle l’entrée de cible, la visée, qui consiste à bloquer la cible, et le lâcher, qui correspond à la pression du doigt sur la détente. »
En suivant un mode d’emploi millimétré, Julia Simon remporte son premier titre mondial individuel aux Championnats du monde d’Oberhof (Allemagne) en février. Seulement 10ᵉ du sprint à plus d’une minute de la tête de la course, la Française a réalisé une folle remontée, bien aidée par son efficacité derrière la carabine (19/20), pour décrocher l’or sur la poursuite (les coureuses s’élancent avec les retards enregistrés par rapport à la vainqueure à l’arrivée de la course sprint). « C’est un sacré aboutissement, j’ai vraiment franchi une marche dans la gestion de mes émotions, avait-elle réagi au micro de La Chaîne L’Equipe. C’était un rêve de gosse. »
« Dès 3 ans, j’avais envie d’être une championne »
Native d’Albertville, ville hôte des Jeux olympiques d’hiver en 1992, Julia Simon a grandi dans la station olympique des Saisies, où son père était pisteur. De quoi nourrir ses rêves de devenir une athlète de haut niveau dès son plus jeune âge. « Je crois que j’en ai toujours eu envie. Dès 3 ans, j’avais envie d’être une championne », confiait, sur le site de l’équipe de France olympique en 2022, celle qui possède par ailleurs un CAP menuiserie et travaille le bois dès qu’elle a du temps libre.
Si Julia Simon se décrit comme une personne « assez timide », le staff des Bleues loue, lui, une athlète « extrêmement motivée », « facile à entraîner » et « lucide sur ses performances ». « Elle est vraiment à maturité dans sa carrière et elle tire la quintessence de toutes ses expériences passées, bonnes ou mauvaises », résume Cyril Burdet.
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Jouer
Comme Quentin Fillon Maillet l’an dernier, la Savoyarde est subitement passée de l’ombre à la lumière, elle qui avait terminé à la douzième place du classement général de la Coupe du monde en 2022. Comme lui auparavant, elle avait dû regarder ses compatriotes s’illustrer en attendant son heure.
Jean-Paul Giachino raconte d’ailleurs cette anecdote : « L’an dernier, elle était à côté de moi quand Justine [Braisaz-Bouchet] a gagné la très convoitée mass start d’Oslo [la dernière épreuve de la saison, le 20 mars 2022] et remporté le petit globe de la spécialité. Elle m’a dit : “Elle a réalisé mes rêves.” Je lui ai juste répondu : “Patience. Ça va arriver”. » A peine un an plus tard, la récompense est bel et bien là pour Julia Simon.