« Coup de pompe sur le brut »
Terrain glissant pour le pétrole. L’effondrement brutal de la Silicon Valley Bank a suscité une véritable onde de choc. Partant des plages californiennes de Santa Monica, elle a été ressentie jusqu’au calme rivage du lac de Zurich. Attention, vague-submersion pour Credit Suisse Group ! Le cours de l’établissement bancaire helvète a soudainement plongé en Bourse, mercredi 15 mars, sur des rumeurs de risque de faillite.
Face à l’urgence de la situation, la Banque nationale suisse n’a pas joué la montre pour ouvrir le robinet d’aides. Dans la nuit du mercredi au jeudi 16 mars, elle lui a accordé un prêt de 50 milliards de francs suisses (50,7 milliards d’euros), afin de renforcer ses liquidités. Une sacrée bouée de sauvetage.
De quoi calmer quelque peu la vague de pessimisme des marchés, inquiets d’un risque de propagation, après la chute de la banque américaine. Cette humeur sombre n’a pas épargné le cours de l’or noir. Les plus pessimistes anticipant une baisse de la demande. Mercredi, le prix du baril de brent de la mer du Nord pour livraison en mai refluait à 71,67 dollars (67,38 euros), son plus bas niveau depuis quinze mois, à comparer aux près de 120 dollars, il y a un an. De même, son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, pour livraison en avril, se négociait à 65,65 dollars. Coup de pompe sur le brut…
Reprise limitée en Chine
L’opération de renflouage de Credit Suisse a fait remonter le niveau du baril de pétrole. Sans euphorie, toutefois. Vendredi 17 mars, le tarif du baril de brent repassait la cote des 75 dollars. Un mouvement conforté par la décision de onze grandes banques américaines, prise jeudi, de voler à la rescousse de First Republic, également fragilisée.
Philippe Chalmin, professeur à l’université Paris-Dauphine et codirecteur du CyclOpe, le cercle de réflexion sur les matières premières, se réjouit de voir que sa prévision d’un prix du pétrole à près de 70 dollars le baril à la fin du premier semestre est pour l’heure plutôt crédible. Au-delà de l’épisode du frisson banquier, il justifie ce cours par « le discount de 25 dollars à 30 dollars sur le pétrole russe, qui tire les prix vers le bas ». Il estime également que la reprise des importations chinoises, après la fin de la stratégie zéro Covid, reste limitée.
Enfin, il évoque le repli du prix du gaz. Le gaz naturel européen Title Transfer Facility se négociait à 44 euros le mégawattheure, vendredi, sur la place d’Amsterdam, à comparer aux 130 euros affichés il y a un an. La remontée du mercure, avec l’arrivée du printemps, rafraîchit le marché de l’énergie.
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