Gers : la boulangerie de Saint-Clar mise KO par les crises successives
Ce dimanche, Ana et Alexandre, la boulangerie artisanale de Saint-Clar, ferme ses portes, vaincue par les hausses des coûts.
Quand Ana et Alexandre Gallier ont repris l’ancienne boulangerie de Saint-Clar sous les arcades, il y a plus de 8 ans, les affaires marchaient bien. Mais ce dimanche, la porte de la boulangerie se referme.
Sur la porte, un panneau annonce la fermeture. Christophe et Marion sont consternés. « Ils étaient charmants, et c’était le meilleur pain de la région ! On y allait depuis des années. » Les boulangers ont constaté que beaucoup faisaient des stocks avant la date fatidique. Au comptoir, les mots d’encouragement, les interrogations et les compliments n’ont pas cessé, toute la semaine. « Ils sont toujours souriants, dit Danielle, son pain sous le bras. Que c’est triste ! Le village ne sera pas pareil… »
Le jeune couple, reconverti dans la boulangerie artisanale, avait choisi la bastide après une solide étude des fonds commerciaux disponibles dans la région. Le commerce bénéficie également de l’appui de Gers Farine. Et tout allait bien. Jusqu’au Covid.
Hausses en série
« Comme nous étions ouverts, et trop petits, nous n’avons pas eu d’aide. Ça a fragilisé l’activité. D’autant qu’après le Covid, la fréquentation de tous les commerces a chuté. » Mais le pire était à venir. « On a pris les hausses de plein fouet, comme le reste de la profession. En 18 mois, la farine a augmenté 5 ou 6 fois. Et avec ça, au même moment, l’électricité a explosé aussi. » L’artisan bénéficie d’un « compteur bleu », inférieur à 36 kVA. Sa facture, si elle n’a pas connu les hausses vertigineuses de certains de ses collègues, a augmenté malgré tout.
Prix en question
La boutique est située en secteur rural, où les retraites sont petites, et les salaires modestes. Impossible de répercuter l’ensemble des surcoûts. « Beaucoup nous ont dit qu’ils étaient désolés, mais qu’ils ne pouvaient pas se permettre de suivre les prix, remarque Alexandre Gallier, sans rancœur. Ils subissent eux aussi des hausses des carburants, du chauffage. On comprend qu’ils doivent aussi faire des choix. »
Comment passer la baguette au-dessus de 1,05 €, quand elle était à moins de 1 € avant le Covid ? Les clients, pourtant, ne se plaignent pas. « La hausse a été faible, constate Monique. Quelques centimes, c’est tout. Je trouve ça triste. Pour eux comme pour le village. Et je n’irai pas chez quelqu’un d’autre. »
Le boulanger a tenté d’augmenter les prix de ses gâteaux, mais il est alors rattrapé par la flambée du beurre, du sucre, des œufs… Même la levure a augmenté de 100 %. La période des rois lui a permis de constater une baisse drastique de ses marges. « Ça a été un peu un révélateur, confie l’artisan. Tout ça conjugué ne laisse plus aucune marge de manœuvre. Ça a été une très belle expérience, mais ça ne tient plus. L’activité n’est plus rentable. » Le boulanger et sa famille vont quitter le village. Pour d’autres projets, loin de Saint-Clar, loin de la boulangerie.