500.000 personnes à Paris. Des manifestants venus en famille pour « transmettre le témoin des luttes sociales »

« C’était match ou manif… ». Entre le match des Six nations opposant la France à l’Irlande ou manifester contre la réforme des retraites, Clément a fait son choix. Comme de nombreux manifestants, ce samedi à Paris, ce syndicaliste CGT dans la culture manifeste pour la première fois du mouvement. Clément est venu avec ses collègues Lucile et Anne. Lucile a tenu à être accompagnée de sa fille, Anna, 15 ans. « C’est la première fois que je manifeste car c’est un samedi. Et je tenais à être avec ma fille, c’est pour transmettre le témoin des luttes sociales. » Anna, lycéenne, vit sa deuxième manifestation de rue. La première était en novembre, avec le collectif Nous Toutes, contre les violences faites aux femmes. «  J’avoue être moins concernée par les retraites que par les questions sociétales », assure-t-elle. Anne, la collègue de Lucile, poursuit : « Les femmes seront les premières touchées par cette réforme. Je viens de la montagne, ma mère a été saisonnière. Elle est morte six mois après son départ, avec une pension de misère, à 64 ans. Le symbole de cet âge est lourd. »

Un peu plus loin, sur la place de la République, Simon et Géraldine tiennent la main de leur fils, Abel, 4 ans. « Bien que les scratchs de ses chaussures fassent des siennes, c’est sa première manifestation, glisse le caméraman de profession. C’est important qu’il sache qu’il est possible de contester les choses dans la rue, pacifiquement. » Simon était déjà dans la rue mardi, sans faire grève. Sa compagne, l’est pour la première fois. « Je ne travaille pas à Paris, ce qui complique le fait de venir en semaine, mesure le professeur des Universités . D’autant qu’il faut venir récupérer la petite à 17 heures tous les soirs à la maternelle. » Manifester le samedi est un bon compromis pour ce couple. Même s’ils ne font pas grève, leur détermination à obtenir le retrait de la réforme est intacte. «  Je ne me vois pas porter une caméra après 50 ans… » glisse Simon. Géraldine, elle, a fait ses calculs : « J’ai 40 ans, il me reste 103 trimestres à cotiser. Je devrais donc travailler jusqu’à 67 ans. » Et d’ironiser «  Si je ne suis pas en burn-out, c’est sûr que je serais en pleine forme pour enseigner et faire de la recherche ! »

Dans la manifestation, après le Bataclan, en direction de la place de la Nation, le cortège est à l’arrêt. Clément et Johanna, bientôt 40 ans, tiennent la poussette de leur nourrisson. « Je travaille dans la formation professionnelle. Je donne des cours à des gens venus de France entière. Impossible de faire grève, car derrière, les gens ne peuvent pas rattraper la formation », insiste Clément. Johanna, metteuse en scène poursuit « nous sommes trop précaires pour faire grève. » Tous deux saluent l’organisation de cette journée en week-end. Pour autant, Clément se dit « admiratif » des professions qui devraient se lancer dans une grève reconductible à compter du 7 mars. Et de conclure «  je pense donner un peu d’argent à une caisse de grève pour les soutenir. »

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