VOD de la semaine. « A dog called money » de Seamus Murphy
Une petite bonne femme de 1,60 m maigre comme un clou, toute de noir vêtue façon ninja, arpente rapidement les faubourgs de Kaboul en Afghanistan. Qui est-ce ? C’est PJ Harvey, chanteuse de 45 ans (lors du tournage en 2015). Elle a l’air aussi frêle et juvénile qu’à ses débuts en 1992 où elle apparut sur la scène de La Cigale de Paris avec sa grosse guitare. S’affirmant au fil des ans, elle est devenue la plus respectée et primée des rockeuses indépendantes de Grande-Bretagne. Mais que faisait-elle donc à Kaboul ? Elle y a participé à un projet documentaire de Seamus Murphy. Ce cinéaste/photographe l’a emmenée dans des lieux plutôt dévastés et traumatisés de la planète : dans les décombres de la guerre du Kosovo qui fit 13000 morts entre 1998 et 1999, où elle rencontre des habitants et visite des maisons abandonnées ; en Afghanistan, où elle côtoie le chaos ambiant et joue avec des musiciens locaux ; et dans le ghetto noir de Washington D.C. aux États-Unis, à quelques encablures de la Maison-Blanche, où elle discute de la violence avec des gamins des rues et assiste à des offices religieux hauts en couleur. De ce parcours naîtront des poèmes et chansons politiquement engagées que PJ Harvey va enregistrer presque live dans la capitale anglaise. En effet, son album intitulé « The Hope Six Demolition Project » va faire l’objet d’une sorte de performance artistique (montrée en montage parallèle dans le film) enregistrée avec des musiciens à la Somerset House, monument prestigieux de Londres abritant un espace muséal et des institutions culturelles. Là, le public aura le loisir de regarder PJ Harvey et son groupe à l’œuvre derrière la vitre d’un studio conçu à cet effet. Bref, un documentaire assez conceptuel qui décrit les expériences de l’artiste et son point de vue personnel sur les dégâts de certaines parties du monde, exprimé sur un mode poétique. Un documentaire aussi inhabituel que passionnant où l’on suit de A à Z l’origine, la conception, et la réalisation d’un disque. Cette œuvre socio-politique a eu un impact immédiat, faisant réagir vivement des responsables municipaux de Washington DC, qui se sont sentis visés (à juste titre) par certaines chansons de PJ Harvey pointant les injustices criantes de la gestion sociale de la capitale américaine. Une manière de rappeler que la misère et la pauvreté n’épargnent pas les pays considérés comme les plus riches.