Un prestigieux immeuble parisien acquis par le groupe toulousain des sœurs Monné au cœur d’une enquête judiciaire

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Le groupe toulousain Caso Patrimoine, détenu par les sœurs Monné, vient d’acquérir un prestigieux immeuble parisien pour 16,2 millions d’euros. Un bien cédé par une caisse de retraite, la Cipav, et dont la transaction de vente initiale se retrouve au cœur d’une enquête judiciaire ouverte par le parquet de Paris.

Après l’acquisition de l’immeuble de l’ancien cinéma des UGC, sur les allées Roosevelt à Toulouse, rien ne semble rassasier l’appétit des sœurs Monné. Figures de l’immobilier toulousain et filles de l’ancien promoteur Robert Monné, Sophie et Caroline Monné ont fait récemment l’acquisition d’un immeuble parisien, dans le quartier chic du 16ème arrondissement pour une valeur de 16,2 millions d’euros. Mais ce qui peut ressembler à une affaire en or est en réalité entachée de nombreuses zones d’ombre autour de la vente de ce bien de 1100 m² utiles et habitables.

Dernièrement, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour “escroquerie en bande organisée”, “concussion”, “faux et usage de faux”, visant la principale caisse de retraite des travailleurs indépendants, la caisse interprofessionnelle de prévoyance et d’assurance vieillesse des professions libérales (Cipav).

Transaction douteuse

Cet organisme, propriétaire initial de cet immeuble haussmannien, auquel sont rattachés près de 200 000 cotisants, professions libérales, en France (architectes, géomètres, ingénieurs-conseils, moniteurs de ski, ostéopathes ou correspondants de presse) est dans le collimateur de la justice. Le juge d’instruction parisien s’intéresse notamment aux conditions de vente douteuses de cet immeuble cossu.

Vendu dans un premier temps, 11,5 millions d’euros à une holding parisienne, l’immeuble a ensuite été revendu au printemps 2022, par une filiale de cette holding, 4,7 millions d’euros plus cher, au groupe toulousain Caso Patrimoine détenu par les sœurs Monné.

Le 17 janvier dernier, le juge chargé de ce dossier a ordonné une perquisition au siège de la Cipav, à Paris, pour y chercher des documents relatifs à la vente mais aussi en lien avec la gestion du patrimoine immobilier de cette caisse de retraite et sa comptabilité.

Cotisations indues ?

Le collectif Cipav info, qui ne cesse depuis de nombreuses années d’alerter sur “l’existence de cotisations indues” perçues par cet organisme, se demande si cet argent ne sert pas, au final, les intérêts privés de la Cipav et son patrimoine immobilier C’est en tout cas ce que cherche à déterminer la justice, à travers la vente de l’immeuble rue Boissière. Une vente effectuée “sans appel d’offres”, estime l’avocate de Cipav info, Me Valérie Flandreau.

Lorsque la caisse de retraite cède son immeuble pour 11,5 millions d’euros à une holding, la Financière du Grand palais, cette dernière mandate sa filiale, FGP Conseils, qui, après l’avoir revendu elle-même aux sœurs Monné, en faisant une confortable marge de près de 5 millions d’euros, disparaît du paysage, radiée du registre du commerce et des sociétés, le 8 décembre 2022. À la tête de ces deux sociétés, le responsable n’a pas donné suite à notre demande de contact.

Immeuble toujours en travaux

De lourds travaux de rénovation ont été engagés, en février 2022, dans cet immeuble qui abrite six appartements sur autant d’étages. Ce qui pourrait justifier la hausse du prix à la revente. Problème : ces travaux ont-ils pu être effectués dans leur intégralité jusqu’en juin 2022, date à laquelle Caso Patrimoine acquiert l’immeuble ? Aujourd’hui, une partie de ce bâtiment est toujours en cours de rénovation.

Interrogée sur la vente de son bien, la Cipav répond : “La vente de l’immeuble en question pour un montant de 11,5 millions a été réalisée dans le respect du cadre réglementaire. L’évaluation a été faite par un prestataire extérieur spécialisé, retenu dans le cadre d’un marché public, en l’espèce BNP Paribas Real Estate. Cette évaluation est en cohérence avec le montant de la vente. Quant aux investissements éventuels réalisés par l’acheteur après la cession par la Cipav, ou aux éventuels permis de construire déposés après la cession, ils ne concernent pas la Cipav”.

De leur côté, les sœurs toulousaines Monné qui ont acheté ce bien 4,7 millions d’euros plus cher que le prix initial de vente, n’ont pas souhaité faire de commentaires.

Dans ce secteur très chic de Paris, le prix du mètre carré est estimé à environ 13 000 € par des professionnels de l’immobilier. Avec une superficie de 1 100 m², la valeur du bien dépasse les 14 millions d’euros. Selon une pré-estimation réalisée par un professionnel que La Dépêche a sollicité, via un site spécialisé, la valeur “haute” (prix net vendeur), atteint 12,625 millions d’euros.

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