“Nous étions mariés depuis 52 ans”, reportage en Turquie auprès des rescapés du séisme
La population turque est traumatisée par le puissant séisme qui a bouleversé son quotidien lundi 6 février. Notre journaliste Anelise Borges s’est rendue à Antakya, dans le sud-ouest du pays et a échangé avec ses habitants quatre jours après la catastrophe.
Dans les rues frappées par le tremblement de terre et ses répliques, Kasim Gündüz est allongé sur un canapé, entourée de morceaux de bâtiments détruits. Après avoir perdu sa femme et l’un de ses fils, c’est un homme brisé : “On s’est pris dans les bras et on n’a même pas eu le temps de dire le nom de Dieu cinq fois. L’immeuble est tombé, tout s’est effondré, et nous avons chuté. Le nom de mon fils est Hikmet. Je l’ai appelé et il a répondu. Je lui ai dit d’être patient. Le nom de ma femme est Shefika, je l’ai appelée : “Rose, ma rose…’ puis j’ai dit, “Shefika”, mais je n’ai rien entendu d’elle. Il n’y avait pas de son du tout”, raconte l’homme très ému.
Kasim attend qu’on lui amène la dépouille de sa femme, tandis que celui de son fils, gît non loin, dans un sac en plastique. Comme Kasim, il y a des dizaines de milliers de personnes dans les rues d’Antakya. Un grand nombre des survivants restés dans cette région sont sans abri, électricité, eau courante, chauffage ou encore sans carburant. Beaucoup participent aux efforts de recherche et de sauvetage tandis que d’autres, attendent simplement de pouvoir entrer dans leurs appartements détruits pour récupérer quelque chose qui leur appartient, quelque chose d’important. Ils sont nombreux aussi à être dans l’attente de nouvelles de leurs proches.
Beaucoup sont hantés par les scènes de ce qui s’est brutalement produit ici dans les premières heures de la nuit du lundi. “Ma femme m’a dit que le bâtiment tremblait. Et je lui ai répondu que non, il ne tremblait pas. Puis j’ai levé les yeux et les piliers et trois étages se sont effondrés sur nous.“, témoigne un homme d’environ soixante-dix ans aux traits tirés.
Les autorités se démènent pour faire face à l’ampleur de la catastrophe. Les équipes de secours sont épuisées, certaines dorment même dehors, à côté des sites de recherche. L’aide gouvernementale et internationale continue d’arriver mais il semble qu’elle ne soit pas suffisante. Alors la colère grandit face à ce que certains perçoivent comme un manque de préparation et une réponse lente à cette tragédie.
Aussi frappée, par ce séisme, la Syrie se trouve dans une situation très critique avec une livraison de l’aide humanitaire délicate en raison de la guerre.
Selon l’OMS, 23 millions de personnes pourraient être impactées par cette catastrophe. qui est d’ores et déjà avec son bilan provisoire, l’un des dix séisme les plus meurtriers du XXI siècle.