jusqu’à 27 ans de réclusion pour avoir séquestré et torturé un jeune autiste
Quelques heures plus tôt, l’avocate de la partie civile, Me Marina Rodriguez, avait rappelé les rôles de chacun. Vanessa Charrassier, le dénominateur commun, « qui connaît Mathieu depuis l’enfance et décide d’en abuser et de le torturer ». Samuel Leterrier, qui a infligé les pires supplices à la victime et dont l’absence de compassion a marqué le procès. Mickaël Gaubert, « l’instigateur » chez qui le jeune autiste a été séquestré. Lenaïc Jolly et Flora Lecourt, qui prennent part aux violences pendant quelques heures.
L’avocat général, Jean-Luc Gadaud.
Stéphane Lartigue/ « SUD OUEST »
Me Rodriguez mentionne les coups, les lacérations, les humiliations. « Il est toujours traumatisé », précise-t-elle avant d’affirmer aux jurés qu’en décidant du futur des accusés, ils décident « du futur de Mathieu ».
« Aucun trouble mental »
« Chacun se rejette le rôle de meneur », a remarqué l’avocat général, Jean-Luc Gadaud. « Mais ils gardaient leur libre arbitre, le psychiatre n’a relevé aucun signe de trouble mental chez les accusés. » « Ils avaient conscience de leurs actes et pouvaient les stopper à n’importe quel moment, c’est là leur culpabilité. » Pour les trois principaux participants, Vanessa Charrassier, Mickaël Gaubert et Samuel Leterrier, il a requis 25, 27 et 30 ans d’emprisonnement, avec une période de sûreté égale à la moitié de la peine.
« Ils avaient conscience de leurs actes et pouvaient les stopper à n’importe quel moment, c’est là leur culpabilité »
Tour à tour, les avocats de la défense se sont appliqués à montrer l’humanité derrière les bourreaux. Revenant à leur enfance, chaotique, marquée par les agressions et l’abandon. Jamais pour excuser, mais pour « comprendre ». L’avocate de Mickaël, Me Chloé Vidal, parle du désert affectif et social que traverse son client, handicapé moteur et déjà condamné à trois reprises. « Il avait un besoin démesuré de se faire des amis », au point d’en torturer un homme.
« Je n’ai rien à ajouter »
Ceux de Vanessa et Samuel, ont tenté de désamorcer l’image négative renvoyée par leurs clients tout au long de la semaine. « Sa posture à la barre, c’est la défensive, c’est son mode de fonctionnement, je comprends que ça soit agaçant, a reconnu Me Océane Pitel-Marie, conseil de Vanessa. Elle a vécu à la rue, et j’imagine que ça casse, ça détruit, d’autant plus quand on a un enfant. »
Les avocats de la défense. De gauche à droite : Sory Baldé, Océane Pitel-Marie, Rachid Rahmani, Chloé Vidal, Patricia Coutand et Nathalie Noël.
Stéphane Lartigue/ « SUD OUEST »
Rachid Rahmani, avocat de Samuel, renvoie aux conclusions du psychiatre passé jeudi à la barre. « Il est borderline, il n’est pas responsable de son état, mais il reste responsable de ses actes. » Devant la cour, son client a reconnu les multiples tortures infligées à la victime, sans broncher, froid. « Il reconnaît les faits, c’est un début de réhabilitation. » Mais malgré les efforts de son avocat, le jeune homme de 21 ans n’aura jamais montré d’humanité. Même lors de sa dernière prise de parole, après avoir entendu les autres accusés s’excuser une énième fois, il se contente d’un sec, « je n’ai rien à ajouter ».