Perpignan, deuxième ville “où l’on respire le mieux” en France ? Un palmarès à relativiser
Dans son numéro daté de ce jeudi 9 février, l’hebdomadaire Le Point classe Perpignan en deuxième position de son palmarès des “villes où l’on respire le mieux en France”. Cependant, le classement ne prend en compte qu’un polluant (les particules fines) sur les quatre actuellement réglementés.
Perpignan, deuxième ville “où l’on respire le mieux” en France ? Localement, le palmarès que vient de sortir le magazine Le Point ne fait pas l’unanimité. Celui-ci ne prend en effet en compte que la pollution aux particules fines (PM2.5), alors que celles engendrées par le dioxyde d’azote, l’ozone et les particules en suspension (PM10) sont également réglementées.
“On ne peut pas fixer une position sur la qualité de l’air à partir d’un seul critère, même s’il est vrai que, d’après les médecins, les particules fines sont les plus problématiques pour la santé, estime Claude Bascompte, de l’association écologiste Alternatiba. Si on veut se faire une idée de la qualité de l’air, il faut prendre en compte les quatre critères réglementés.” En ce qui concerne le dioxyde d’azote par exemple, les mesures réalisées en 2021 par l’association Atmo Occitanie révèlent une concentration annuelle d’environ 55 microgrammes par mètre cube, bien supérieure à la valeur limite donc, sur le boulevard des Pyrénées.
Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois…
Par ailleurs, si Perpignan se classe deuxième du palmarès du Point, derrière Montpellier, avec une moyenne annuelle de concentration de particules fines dans l’air de 7,5338 microgrammes par mètre cube pour 2021, ce taux reste, comme le concède lui-même le magazine, supérieur aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (pas plus de 5 microgrammes par mètre cube…). “Notre situation n’est pas enviable. Elle est seulement moins pire que dans d’autres villes de France. Si le Conseil d’Etat a condamné la France avec astreinte pour la qualité de l’air, c’est bien qu’il y a une problématique globale. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois…”, résume Claude Bascompte.
S’il est plus positif, le vice-président de la communauté urbaine délégué au développement durable, Marc Médina, relativise également le palmarès. “Ce qu’il mesure n’est pas la même chose que ce que nous prenons en compte avec Atmo, analyse-t-il. Il ne se base que sur les particules fines alors qu’il y a d’autres polluants dans l’air.”
Des critères moins impactants pour la ZFE ?
Marc Médina estime cependant que les résultats du palmarès sont “intéressants”, même s’il faut rester “prudent”. “Pour moi, ce palmarès conforte tout de même l’idée que nous avons d’une mise en œuvre en dentelle de la Zone à faibles émissions (imposée par l’Etat, la future “ZFE” pourrait notamment engendrer des restrictions de circulation des véhicules les plus anciens dès 2025 à Perpignan, NDLR). Ce palmarès nous dit que nous ne sommes probablement à pas grand-chose d’une qualité de l’air favorable.”
Ce qui fait penser à l’élu qu’avec les projets actuellement dans les tuyaux pour diminuer la pollution atmosphérique due au trafic automobile en ville (mise en place de quatre lignes de bus électriques, projets de piétonnisation et de parking relais…), les “éléments de critérisation des véhicules dans le cadre de la zone à faibles émissions” pourraient être “beaucoup moins impactants que ce que certains ont pu prédire”. Affaire à suivre.